Avec sa Gazelle, adidas nous prouve une nouvelle fois qu’elle excelle dans l’art de fabriquer des chaussures indémodables. Au côté de la Stan Smith et de la Superstar, la paire aujourd’hui incarnée par Kate Moss fait effectivement partie d’un trio de sneakers qui connaissent toujours autant de succès qu’à leurs débuts dans les années 60. Apprécié par tous les amateurs de streetwear pour son confort et la grande diversité de coloris dans lesquels il est proposé, ce modèle comparé à « une antilope petite et mince » par son fabricant n’était toutefois pas prédestiné à envahir la rue. D’ailleurs, celui-ci l’a introduit sur le marché sans réelle stratégie, ce qui rend son histoire encore plus belle.
Cette histoire, Sneaker Style vous la raconte ici dans les moindres détails. A travers un retour sur les origines de sa création et des anecdotes sur sa conception, vous saurez tout sur la Gazelle d’adidas.
Pourquoi la Gazelle est-elle la chaussure la plus polyvalente d’adidas ?
Si l’histoire de la Gazelle commence officiellement en 1968, année de sa première commercialisation, la basket culte d’adidas puise ses racines dans l’expérience que cultive la marque allemande dans l’athlétisme depuis déjà plus de 10 ans.
Son nom en est d’ailleurs directement inspiré. Bien que nous ne disposions d’aucune information officielle sur sa provenance, celui-ci serait en effet un hommage aux performances réalisées par la coureur Wilma Rudolph lors des Jeux Olympiques de Rome de 1960. Des performances telles que l’équipementier créa dans la foulée de la compétition une chaussure d’entrainement intitulée « Rom » de laquelle la Gazelle a hérité de plusieurs caractéristiques. Par ailleurs, attribuer des noms de mammifères à ses baskets était à cette période une pratique courante chez adidas. En effectuant des recherches, nous sommes notamment remontés jusqu’à la « Panther » et la « Jaguar », deux modèles également conçus pour l’entrainement.
La particularité de la Gazelle est qu’elle fut déclinée dès son lancement dans deux versions associées à un usage et à un coloris spécifique. La « Gazelle-Blau », identifiable via son empeigne bleue, était particulièrement adaptée à la pratique des sports d’intérieur. Elle comportait une semelle fabriquée à partir d’un caoutchouc intégrant des microcellules d’air qui permettait d’absorber les chocs grâce à un phénomène d’ondulation. La seconde, baptisée « Gazelle-Rot », était rouge avec les 3 bandes blanches et était quant à elle destinée aux sports d’extérieur. Approuvée par une poignée de joueurs majeurs de handball, elle intégrait une semelle transparente antidérapante en gomme de caoutchouc qui offrait une excellente stabilité sur de nombreuses surfaces.
Grâce à sa polyvalence, la Gazelle s’est très vite imposée comme la première basket multisports d’adidas.
Comment la Gazelle est-elle devenue une icône de la mode ?
Pendant ses débuts, la Gazelle fut exclusivement utilisée dans son cadre sportif de prédilection. En 1972, elle sera l’actrice d’un épisode malencontreux dont adidas se serait volontiers passé. Encouragé par la marque à ne pas laisser son pantalon tâcher ses Gazelle bleues lors de la remise d’une de ses sept médailles d’or – en l’occurrence après sa victoire sur 200 mètres nage libre –, le nageur américain Mark Spitz brandira ses baskets de la main avant et après l’hymne national. En plus d’avoir été très mal perçu par le Comité National Olympique (CNO), qui n’autorisait pas encore le placement de produits, cet événement aurait aggravé les tensions qui subsistaient déjà entre Adolf Dassler, le fondateur d’adidas, et son frère Rudolf, créateur de PUMA. C’est en tout cas ce qu’affirme Barbara Smith dans son livre « Pitch Invasion ».
Remplacée par la Jaguar, la Gazelle disparaîtra du catalogue d’adidas jusqu’en 1979. Elle refera son apparition en 1980 dans une version premium équipée d’une semelle extérieure à motifs en forme de trèfle, le logo d’adidas Originals depuis 1972, et une nouvelle forme marquée par l’avant du pied redessiné. Il s’agit de la version qui sera rééditée aux alentours de 2011 en tant que Gazelle Indoor.
Initialement prévue pour la pratique, la Gazelle s’émancipera à partir de là hors des terrains de sport et des pistes d’athlétisme. Dotée d’une tige en cuir suédé particulièrement séduisante et surtout proposée dans un grand choix de coloris, la chaussure créée en 1968 disposait de tous les arguments requis pour franchir un nouveau palier et s’imposer comme l’une des sneakers les plus populaires de l’histoire. Elle en prendra le chemin dans les années 1980 lorsque les supporters de football l’adopteront comme un symbole de soutien à leurs clubs favoris. Ce fût notamment le cas des fans de Liverpool qui se ruèrent sur la déclinaison rouge d’origine. Elle connaîtra alors un essor rapide dans le nord de l’Angleterre.
Désormais chargé de la promotion des produits au sein du groupe allemand, le britannique Gary Aspden, qui a grandi dans cette région de Grande-Bretagne avec des adidas aux pieds, a affirmé dans une interview que l’influence de la sneaker y était si importante que les autres chaussures en daim étaient tout simplement surnommées « Gazelle du pauvre ».
Aux prémices des années 1990, la Gazelle poursuivra son petit bonhomme de chemin, cette fois aux Etats-Unis. Michael Diamond, alias Mike D, le rappeur et membre fondateur des Beastie Boys, contribuera à sa traversée de l’Atlantique. C’est dans le premier magasin de la marque X-Large, à Los Angeles, qu’il y découvrira la célèbre sneaker au côté d’un autre classique en daim bien connu : la PUMA Suede. Il en deviendra malgré lui l’un des plus illustres ambassadeurs en l’introduisant sur la scène du hip-hop américaine. Après une brève apparition dans l’univers du skateboard où elle devint LE modèle de référence, elle confirmera son ascension aux Etats-Unis, sur la côte est, cette fois, où elle était auparavant plus difficile à trouver.
Il faudra attendre 1991 pour voir la Gazelle arriver sous la forme que nous connaissons actuellement et qui avait pu être aperçue dans la gamme initiale d’adidas Originals dix ans avant son lancement. C’est celle-là que chausseront des artistes de renommée internationale, tels que le chanteur du groupe Oasis, Jamiroquai ou encore Michael Jackson, et qu’adidas rééditera en 2016 pour en faire la digne successeur de la Stan Smith. C’est précisément pour assurer la relève de cette dernière que la firme basée à Herzogenaurach a fait appel à Kate Moss. La mannequin britannique en est la parfaite ambassadrice dans une campagne publicitaire que vous pouvez découvrir sur le site.
Encore de beaux jours devant elle
Si la Gazelle reste toujours aussi prisée près de 50 ans après son lancement, c’est précisément parce qu’adidas lui accorde une grande attention.
Non content de lui avoir choisie une nouvelle égérie en la personne de Kate Moss, l’équipementier allemand l’a également dotée de ses dernières technologies pour en améliorer le confort et la rendre encore plus tendance. Mais en équipant ainsi l’une des plus anciennes chaussures de son histoire, adidas a aussi et surtout trouvé le moyen de lui offrir assez facilement un coup de jeune indispensable. Sans pour autant rompre avec son cuir suédé caractéristique, le Primeknit, par exemple, est venu lui apporter une touche de modernisme qui lui permet désormais de lutter avec les références en Flyknit de l’éternel rival Nike.
La première adidas Gazelle en Primeknit à avoir vu le jour est celle issue de la collaboration avec Sneaker Politics. Sortie le 18 février 2017 pour l’ouverture de son magasin de La Nouvelle Orléans, cette version inédite arborait des motifs aux couleurs du roi du carnaval de mardi gras, fête très célébrée dans la capitale de la Louisiane. Celle-ci se composait par ailleurs d’une armature et de quelques empiècements en suède, à commencer par les 3 marques symboliques de la marque. Quelques semaines après, d’autres coloris plus traditionnels ont été officialisés. C’est notamment le cas du bleu et du rouge, les couleurs historiques de la Gazelle, auxquels s’est greffé un gris clair plutôt séduisant.
Fan inconditionnel des premières Air Max et des Jordan rétro, j’ai créé Sneaker Style en 2016 pour vivre pleinement avec vous ma passion pour les sneakers et son univers.