Comme vous le savez depuis que vous êtes un lecteur, ou une lectrice, assidu(e) de Sneaker Style, nous attachons beaucoup d’importance à l’histoire des sneakers. Nous considérons en effet qu’un sneakers addict qui se respecte se doit de connaître les baskets qu’il porte. C’est pourquoi nous vous proposons régulièrement des retours historiques sur les modèles phares des plus grandes marques.
Aujourd’hui, c’est au tour d’une des références les plus prisées par les collectionneurs : la Air Jordan IV (ou Air Jordan 4). Portée par Michael Jordan au cours de la saison 1988-89, la paire devenue rapidement mythique regorge d’anecdotes que nous allons vous dévoiler au fil d’un périple sur les parquets de la NBA, dans l’univers du cinéma et bien évidemment celui de la mode streetwear qu’elle a marqué à jamais de son empreinte. Vous êtes prêt ? Suivez le guide.
Fly like Mike
Avant d’être cette sneaker qui suscite toujours autant d’engouement 30 ans après sa création, la Air Jordan IV est une chaussure de basketball imaginée par Tinker Hatfield pour sa majesté Michael Jordan. Son design et ses caractéristiques résultent ainsi avant tout d’un besoin de performances, d’autant qu’à cette période, l’ancien numéro 23 des Chicago Bulls était littéralement en train de survoler ses adversaires.
« His Airness » fera d’ailleurs part directement à Hatfield de sa volonté de souplesse et d’aération afin de bénéficier d’une plus grande liberté de mouvement et, plus globalement, d’un confort optimisé.
L’emblématique designer de Nike relèvera comme à son habitude le défi sans sourciller. Tout en conservant les codes propres à la gamme inaugurée en 1985 avec la Air Jordan 1, il insérera pour cela différents empiècement en mesh sur le dessus et les côtés de sa basket, une première pour un modèle estampillé du Jumpan. Ces empiècements viennent contraster avec le cuir constituant la surface majoritaire restante de l’empeigne sur laquelle on retrouve également des sangles en plastique de forme trapézoïdale. Ajoutées au niveau de la cheville pour compenser la perte de causée par l’utilisation du mesh, ces sangles constituent l’une des marques de fabrique de la Air Jordan 4.
Pour le reste, Tinker Hatfield a repris le coussin d’air apparent de la Jordan III afin de préserver la qualité de son amorti et la modernité de son design.
Elle sera proposée dès le départ dans 4 coloris : Black/White, Black Cement, Fire Red et Military Blue. Le logo Nike Air figurera à l’arrière et sur le dessous jusqu’en 1999, année à partir de laquelle la marque au Swoosh le remplacera par le Jumpan, présent depuis 89 sur l’étiquette.
Au sommet de son art, MJ terminera avec ses Jordan IV aux pieds meilleur scorer de la NBA pour la troisième année consécutive, avec toutefois une moyenne de points inférieure à celle calculée sur l’ensemble des matchs joués pendant sa saison précédente. Qu’à cela ne tienne, il s’agira d’une prouesse XXL qui assurera à la création d’Hatfield un excellent coup de pub. Le natif de Brooklyn en rajoutera tout de même une couche pendant le dernier match du premier tour des playoffs. Face aux Cleveland Cavaliers, sur leur parquet, il réalisera un shoot décisif par-dessus Craig Ehlo pour offrir la victoire aux Bulls dans les dernières minutes de la rencontre.
Surnommé « The Shot », ce tir mémorable a permis aux fans de basketball qui ne la connaissaient pas encore de découvrir la Jordan IV, en plus évidemment de confirmer le statut de superstar de Michael Jordan.
Comme au cinéma
Si l’histoire de la Air Jordan IV est logiquement indissociable de celle de Michael Jordan, elle est aussi étroitement liée à celle de Spike Lee, célèbre acteur et réalisateur américain.
Dans « Do the right thing », sorti en 1989, Spike Lee mettra une première fois en scène la silhouette de Tinker Hatfield aux pieds de Giancarlo Esposito, interprète de Buggin Out. Au cours d’un passage de quelques minutes à peine que vous pouvez visualiser ci-dessous, on voit un promeneur, incarné par John Savage, continuer à pousser son vélo comme si de rien était après avoir bousculé Buggin Out. D’abord surpris, ce dernier deviendra ensuite furieux en découvrant la trace laissée par la bousculade sur ses Jordan IV toutes neuves. Il poursuivra alors le cycliste jusque chez lui pour lui faire part de son mécontentement. S’en suivra une joute verbale d’anthologie entre les deux hommes qui prendra fin lorsque le promeneur rentrera dans son immeuble.
Cette scène culte pour tous les sneakers addicts dénonce en réalité les tensions raciales qui ont longtemps rongé la société américaine. John Savage, dans le film avec un t-shirt de Larry Bird, que l’on découvre lorsqu’il se retourne pour remonter dans son appartement, est opposé à Esposito, fervent admirateur pour sa part de Michael Jordan, comme la majorité des afro-américains de Brooklyn à l’époque.
La même année, Spike Lee surfera sur le succès de son film « Nola Darling n’en fait qu’à sa tête », sorti trois ans plus tôt, pour réinterpréter son personnage de Mars Blackmon dans une série de publicités qui feront définitivement entrer la Air Jordan IV dans la légende. En 2006, Nike lui rendra hommage à travers une édition collector aux couleurs des Chicago Bulls à l’arrière de laquelle figurait le portrait de Blackmon (SKU 308497-162).
Fan inconditionnel des premières Air Max et des Jordan rétro, j’ai créé Sneaker Style en 2016 pour vivre pleinement avec vous ma passion pour les sneakers et son univers.