Les norvégiens avaient John Carew. Les finlandais retrouvent progressivement Karhu. Si ces deux noms se prononcent de manière identique, ils n’ont pas du tout la même orthographe et encore moins le même domaine de prédilection. Le premier est effectivement un ancien footballeur passé notamment par l’Olympique Lyonnais. Le second fait référence à une marque de baskets qui tend à parfaire son retour pour le plus grand bonheur des amateurs de streetwear les plus aguerris. Vous vous doutez donc que c’est de Karhu dont nous allons vous parler aujourd’hui. Et pour cela, nous vous proposons d’ouvrir une nouvelle page de l’histoire des sneakers. Une belle et longue page qui va retracer plus de cent ans d’anecdotes, dont une particulièrement croustillante qui se résume en trois mots, ou plutôt en trois bandes.
SOMMAIRE
Ne jamais vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué !
Soyons francs avec vous, avant de partir à la découverte de Karhu, nous ne connaissions pas grand-chose de la Finlande. Après nous être quelque peu documentés pour nous assurer de ne pas vous raconter n’importe quoi, nous avons surtout retenu que le pays est peuplé d’une impressionnante colonie d’ours. C’est même l’une de ses attractions touristiques par excellence puisque des circuits sont organisés pour aller les observer, en toute sécurité évidemment. Autant dire que Karhu ne s’est pas trop creusé les méninges pour dénicher son logo qui n’est autre qu’un ours, si toutefois vous ne l’aviez pas remarqué.
Retour sur les pistes : les origines sportives de Karhu
Mais ce qu’il faut retenir de l’histoire de Karhu, ce n’est pas l’origine de son logo, mais le fait qu’il date de près de cent ans. La marque a effectivement été créée en 1916 par la société Ab Sport Artiklar.
Pas besoin de savoir parler le finnois pour comprendre que cette dernière était spécialisée dans la fabrication d’articles de sport, et plus précisément d’équipements d’athlétisme tels que des disques et des javelots. Quatre ans plus tard, en 1920 donc, Ab Sport Artiklar a officiellement été renommée Kahru et a adopté son logo représentant un ours. En parallèle, l’équipementier a développé son activité. C’est ainsi qu’il s’est lancé dans la confection de ses célèbres chaussures à pointes avec lesquelles il s’est rapidement illustré puisque c’est lui qui équipait les fameux ‘’finlandais volants’’ lors des Jeux Olympiques d’été de 1920 et de 1924. C’est ensuite vers le ski que Karhu s’est tourné, avec l’espoir d’y connaître un destin aussi favorable que sur les pistes d’athlétisme. C’était malheureusement sans compter sur la Seconde Guerre mondiale durant laquelle ses vêtements et accessoires furent portés non pas par des sportifs, mais par les soldats de l’armée finlandaise.
Karhu s’est néanmoins vite remise en selle pour repartir à l’assaut des pistes dès 1952. Cette année-là, au cours des JO d’Helsinki, pas moins de 15 athlètes finlandais se sont hissés sur la plus haute marche du podium, révélant aux yeux du monde entier le savoir-faire et l’excellence finlandaise. La performance n’échappa pas à adidas qui posa 1600 euros et deux bouteilles de whisky sur la table des dirigeants de l’ex Ab Sport Artiklar pour s’offrir les droits d’utilisation des trois bandes verticales qui étaient apposées jusqu’ici sur ses chaussures de course ; une somme tout simplement dérisoire au vu de la popularité de ces bandes qui constituent toujours la base de l’identité graphique d’adidas.
Le renouveau de Karhu incarné par la Fusion 2.0
Karhu a alors dû se trouver un autre logo. En 1960, ses dirigeants optèrent pour un ‘’M’’, la première lettre du mot ‘’Mestari’’ qui signifie ‘’champion’’ en finnois. Ce ‘’M’’, on le retrouve depuis sur toutes les baskets de la marque, dont certains modèles équipés à partir de 1976 d’un amorti à base d’air développé par son propre service de R&D, en outre, peu de temps avant que Frank Rudy offre à Nike les prémices du système à gaz intégré pour la première fois dans la Tailwind en 1978. Karhu est toutefois resté dans l’ombre de Nike et de ses concurrents jusque dans les années 1980.
En 1986, ses ingénieurs décidément aussi talentueux que ses anciens athlètes ont élaboré avec l’aide de l’université de Jyvaskyla une autre technologie d’amorti très performante. Baptisée ‘’Fulcrum’’, celle-ci a d’abord fait ses preuves aux pieds des sportifs et est exploitée aujourd’hui par la marque dans l’une de ses sneakers phares : la Karhu Fusion 2.0. Il s’agit de la réédition d’une chaussure de 1996. Dotée d’une épaisse semelle et d’une tige entremêlant du cuir suédé et du mesh, la Fusion 2.0 s’inscrit dans un registre retro-running qui n’a rien à envier aux références du genre, de New Balance, par exemple. Avec cette semelle, elle peut d’autre part s’assoir en toute sérénité à la même table que les chunky sneakers les plus en vues du moment. Son design d’apparence massive aux finitions très soignées n’affecte en rien son confort ni sa légèreté, deux qualités dont vous pourrez profiter à un tarif avoisinant les 130€.
De là à affirmer que ces efforts seront suffisants pour sceller la réincarnation de Karhu dans le streetwear, nous avouons être un peu sceptiques. Sur le plan du marketing, principalement, l’équipementier finlandais a beaucoup de travail à fournir pour développer sa notoriété et accroître ainsi sa popularité, en tout cas en France où il reste moins connu que dans les pays scandinaves.
Fan inconditionnel des premières Air Max et des Jordan rétro, j’ai créé Sneaker Style en 2016 pour vivre pleinement avec vous ma passion pour les sneakers et son univers.