L’histoire de la Nike Air Jordan III
Si on vous parle de Tinker Hatfield, il y a de fortes chances pour que la première basket qui vous vienne à l’esprit soit la Air Max 1, ou pourquoi pas la Huarache. De tous les modèles créés par l’emblématique designer de Nike, ces deux silhouettes initialement pensées pour le running sont devenues tout simplement incontournables. Mais saviez-vous que l’ancien architecte d’intérieur est aussi le père de la Air Jordan 3, cette chaussure devenue culte grâce aux records empilés par Michael Jordan au cours de la saison 1987-88 ?
Avec son maillot des Chicago Bulls floqué du n°23 et ses Air Jordan 3, His Airness a en effet permis à Nike d’entrer un peu plus dans la légende du basketball, mais aussi dans celle des sneakers. Cela méritait bien un nouveau focus historique ! Pour tout savoir sur la troisième icône d’une longue lignée amorcée en 1985, vous n’avez plus qu’à suivre le guide.
Pour commencer comme il se doit cette histoire, il convient de resituer les événements dans leur contexte.
En 1987, Nike est en train de s’ériger en leader sur le marché du basketball grâce à sa nouvelle égérie Michael Jordan, qui vient d’achever sa deuxième saison dans la prestigieuse ligue américaine sous le fleuron de la marque au Swoosh. Mais à trop vouloir régner sur les parquets de la NBA, celle-ci a délaissé le segment du running, une discipline en plein essor qui l’a pourtant vue grandir et franchir une dimension internationale. Par ailleurs, après avoir collaboré sur la Air Jordan 2, Peter Moore et Bruce Kilgore, illustre créateur de la Air Force 1, décident de quitter l’équipementier américain. Une perte d’autant plus importante pour la firme que les deux designers tenteront de convaincre Michael Jordan de partir avec eux.
Heureusement pour Nike, ses dirigeants vont avoir l’idée lumineuse de faire appel à Tinker Hatfield pour éviter le raz-de-marée. Alors architecte d’intérieur, celui-ci va se voir confier les commandes du navire, tout d’abord avec la conception de la Air Max 1, avec laquelle il révolutionnera le monde de la course, puis avec la Air Jordan 3, qu’il concevra en collaboration directe avec Michael Jordan. C’est d’ailleurs la proposition de cette collaboration qui convaincra la star des Bulls de rester chez Nike. 30 ans après la sortie de la toute première Jordan frappée du célèbre « Jumpan », le moins que l’on puisse dire est que le basketteur a lui aussi flairer le bon filon.
Tinker Hatfield va effectivement répondre à toutes les attentes du natif de Brooklyn, qu’elles soient techniques ou visuelles.
Soucieux de jouer avec une chaussure plus légère et durable que les précédentes, ce dernier va se voir proposer une paire mid-top – alors qu’il n’avait jusqu’ici évolué qu’avec des versions hautes – dotée d’une semelle intermédiaire avec une fenêtre pour laisser entrevoir le cœur de la technologie d’amorti Air ; là encore, une première pour une basket Jordan. Côté design, Hatfield a donc délaissé le Swoosh au profit du Jumpman, que l’on retrouve sur la languette ainsi que sur le haut du talon, et a opté pour une finition en cuir synthétique orné d’un imprimé « éléphant », sur les orteils et l’arrière, et à la texture gaufrée sur le reste de l’empeigne.
Elle sera commercialisée dans 4 colorways originaux (OG) :
- White/Cement Grey
- Black/Cement Grey
- White/Fire Red
- True Blues White/Cement Grey – True Blue
Chaussé de ces fameuses Air Jordan 3, MJ battra tous les records pour conclure une saison 1987-88 qui reste l’une des plus abouties de sa carrière.
De tous les titres collectifs et personnels qu’il remportera cette année-là, on retiendra notamment le Slam Dunk Contest, gagné face à Dominique Wilkins devant son public de Chicago, le 6 février 1988.
Lors de la troisième manche de la finale de l’épreuve mythique du All-Star Game, Michael Jordan fera la différence en inscrivant un dunk qui restera à jamais dans les annales de la NBA. Alors que Wilkins cumule 140 points sur 150 à l’issue de ses trois passages, Jordan n’a pas d’autre chois que de réaliser un dunk parfait pour s’imposer. Après avoir raté sa première tentative, le joueur des Bulls repartira du bout du terrain. Il y prendra l’élan nécessaire pour s’élancer de la ligne des lancers francs adverse afin de claquer le ballon dans le panier, et ce à l’issue d’un saut pendant lequel les spectateurs ont véritablement eu l’impression de le voir voler. Michael Jordan est entré dans la légende. Ses Air Jordan 3 par la même occasion.
Egalement élu MVP des All-Star Game, Jordan finira meilleur marqueur du championnat et meilleur défenseur. Rien que ça !
Avec tout ça, on aurait presque oublié de vous parler de la stratégie orchestrée par Nike pour promouvoir sa Air Jordan 3 en dehors des terrains de basket. À la vue de ces performances surhumaines qui ont évidemment fait le tour du monde à l’époque, on se demande d’ailleurs si la marque de Beaverton avait vraiment besoin de communiquer dessus.
Elle l’a pourtant fait, et de manière originale. Les plus nostalgiques se souviennent peut-être de cette campagne publicitaire dans laquelle Michael Jordan himself donnait la réplique à Spike Lee, alias Mars Blackmon, un personnage initialement incarné par l’acteur et réalisateur américain dans son film intitulé « Nola Darling n’en fait qu’à sa tête » (« She’s Gotta Have It » en anglais). Sur l’une des affiches de cette campagne, on pouvait y voir la star du basketball tenir d’une main celle du cinéma avec pour chacun d’eux la légende suivante : « The best on earth. The best on mars. ». Le duo sera reformé dès l’année suivante, pour mettre en avant cette fois la Air Jordan 4.
Fan inconditionnel des premières Air Max et des Jordan rétro, j’ai créé Sneaker Style en 2016 pour vivre pleinement avec vous ma passion pour les sneakers et son univers.