Si les baskets et autres chaussures de sport conçues dans un souci initial de performance se sont progressivement imposées dans la rue pour devenir ces fameuses sneakers que nous connaissons tous aujourd’hui, ce n’est pas seulement grâce à leur design et à leur confort. Elles doivent aussi et surtout leur salut hors des terrains de basketball et des pistes de course à des figures de la street-culture des années 80. Et pour cause, ces stars du cinéma et/ou du hip-hop les ont incarnées de la plus belle des manières au grand écran ou sur scène, assurant ainsi leur reconversion aux pieds de ‘’Monsieur Tout-le-monde’’ où elles n’étaient pourtant pas destinées à se retrouver. Parmi ces ‘’influenceurs’’ de l’époque figure un certain Spike Lee, l’illustre cinéaste dont nous avons décidé de dresser le portrait dans ce nouvel article.
Bien évidemment, nous allons vous parler ici de cinéma, mais en conservant notre ligne directrice axée comme vous le savez sur les sneakers.
SOMMAIRE
Aussi à l’aise derrière la caméra que Michael Jordan sur les parquets
Spike Lee, de son vrai nom Shelton Jackson Lee, est né à Atlanta le 20 mars 1957 mais a grandi à New York, dans le célèbre quartier de Brooklyn. A l’adolescence, il est retourné en Géorgie afin d’intégrer le Morehouse College, une université catholique créée par différents pasteurs afro-américains pour contrer les lois ségrégationnistes qui interdisaient malheureusement aux jeunes noirs de partager l’éducation des blancs. A la fin de son cursus, il a rejoint les rangs de la Tisch School of the Arts, qui n’est autre que l’école de cinéma la plus réputée de la côte est des Etats-Unis. C’est là, à nouveau dans la ‘’Big Apple’’, qu’il a réalisé en 1983 son premier long métrage : ‘’Joe’s Bed-Stuy Barbershop: We Cut Heads’’. Il s’agit d’ailleurs de la thèse de sa maîtrise.
Nous ne nous attarderons pas sur ce film car ce n’est pas celui qui nous intéresse le plus d’un point de vue purement ‘’sneakeristique’’.
De Spike Lee à Mars Blackmon
Passons donc directement à sa seconde réalisation, ‘’Nola Darling n’en fait qu’à sa tête’’, ou ‘’She’s Gotta Have It’’, dans sa version originale. Il se peut que ce titre ne vous soit pas inconnu car nous l’avons déjà mentionné dans l’histoire de la Air Jordan 3. Une adaptation pour Netflix a qui plus est été diffusée récemment sur la plateforme de streaming. Quoi qu’il en soit, rappelons que Spike Lee a développé son profil très engagé dans ce film en racontant le double-combat de Nola Darling pour conserver son indépendance sexuelle et lutter contre le harcèlement de rue. Il y interprète aussi le rôle de Mars Blackmon, l’un des trois amants de Nola, à travers un personnage décalé dont il a rendossé le costume à partir de 1988, non plus au cinéma, mais à la TV pour promouvoir les Air Jordan 3 et 4 dans une campagne publicitaire devenue mythique.
En collaborant de la sorte avec Nike et la Jordan Brand à l’heure où l’ancien numéro 23 des Chicago Bulls était en pleine ascension, Spike Lee aka Mars Blackmon s’est véritablement érigé comme l’un des amateurs de sneakers les plus populaires au monde. Et les clins d’œil aux baskets qu’il a alors multiplié dans ses films suivants n’ont fait que renforcer ce statut.
Le plus mémorable reste sans aucun doute celui fait à la Air Jordan 4 dans ‘’Do The Right Thing’’ en 1989. Fidèle à lui-même et à ses racines new-yorkaises, Spike Lee est descendu dans les rues de Brooklyn pour dénoncer les problèmes raciaux qui sévissaient intensément aux US dans les années 90. Dans cette optique, il a notamment mis en scène les acteurs Giancarlo Esposito, alias Buggin’Out, et John Savage, qui campe le rôle de Clifton, dans une séquence d’entologie qui tourne en dérision ces conflits communautaires. Celle-ci oppose en effet Buggin’Out, chaussé d’une paire de AJ4 ‘’White Cement’’ flambant neuve, à Clifton, vêtu pour sa part d’un maillot de Larry Bird, après que ce dernier ait bousculé le premier et malencontreusement abîmé sa paire de baskets.
Vous pouvez vivre ou revivre la joute verbale entre les deux protagonistes respectivement fans de Michael Jordan, icône des afro-américains, et de Larry Bird, joueur blanc des Boston Celtics, ci-dessous :
Il est évident que la passion de Spike Lee pour les sneakers, et en particulier les chaussures signatures de Michael Jordan, s’est accrue au fil de ses tournages. Sur sa lancée, il a mis à l’honneur la Air Jordan 13 en 1998 dans ‘’He Got Game’’, un classique pour les adeptes du basketball qui relate la relation conflictuelle entre un jeune prodige des parquets et son père assassin incarné par Denzel Washington.
Toujours chaussé, ou presque, de chaussures estampillées du Jumpman, Spike Lee poursuit son oeuvre et continue de ravir les cinéphiles en réalisant des films toujours plus engagés, à l’image du très réussi BlacKkKlansman sorti en salles l’année dernière.
Air Jordan Spiz’ike : l’apogée
Côté sneakers, l’apogée de Spike Lee a indiscutablement eu lieu en 2006 quand la firme de l’Oregon a achevé la création de la Air Jordan Spiz’ike. Commercialisée pour la première fois en octobre 2006 dans seulement 4000 exemplaires, la Spiz’ike est un modèle hybride imaginé conjointement par le réalisateur et Michael Jordan à partir des Air Jordan III, IV, V, VI et XX. Son design est globalement très proche des Jordan 3 à 5 avec un quarter panel grillagé et une semelle dotée d’un coussin d’air apparent au niveau du talon. Le modernisme de sa structure et plus encore de sa coupe sont quant à eux hérités de la Air Jordan 6 et des itérations qui ont rythmé l’évolution de la série 20. Notons que le branding de la Spizike est personnalisé avec le portrait de Mars Blackmon sur l’arrière du pied gauche et le logo de la société de production cinématographique de Spike Lee sur le talon du pied droit.
Supporter inconditionnel des New York Knicks, l’interprète de Mars Blackmon s’est vu proposer en 2011 deux colorways de la Spizike à l’effigie de son équipe de basketball préférée. D’abord réservée à une poignée de joueurs évoluant en NBA, ces coloris ont ensuite fait l’objet d’une general release le 5 novembre 2011.
Elles font bien sûr partie de la collection personnelle de Spike Lee au même titre que ces quelques paires tout simplement exceptionnelles :
Fan inconditionnel des premières Air Max et des Jordan rétro, j’ai créé Sneaker Style en 2016 pour vivre pleinement avec vous ma passion pour les sneakers et son univers.