Sneaker Style vous propose un nouveau voyage dans le temps pour partir à la découverte d’une des sneakers mythiques d’adidas : l’EQT. Beaucoup moins populaire que la Stan Smith, la Superstar ou encore la Gazelle, la basket de la marque aux 3 bandes lui a pourtant permis de renouer avec son glorieux passé sportif à une époque marquée par d’importants changements sur tous les plans. A l’instar de la majorité des modèles classiques qui ont envahi la rue, l’EQT a donc fait ses premiers pas aux pieds des athlètes avant de s’exporter progressivement hors des pistes de course et des terrains de sport. De sa création à la sortie de ses dernières déclinaisons, voici l’histoire de cette chaussure dont vous n’avez pas fini d’entendre parler.
A la découverte de l’adidas EQT
Pour aborder comme il se doit l’histoire de l’adidas EQT, il faut prendre le temps d’expliquer le contexte dans lequel elle a été créée. Direction pour cela les années 1980.
Le contexte de sa création
A ce moment-là, les fans d’adidas ont davantage les yeux tournés vers ses produits orientés lifestyle que ceux dédiés à la pratique sportive. Rien d’étonnant à cela.
Devancée dans un premier temps par Nike et sa légendaire Air Force 1 en 1982, adidas se verra définitivement distancée dans la conquête des parquets de la NBA en 1984 lorsque Michael Jordan s’engagera avec le groupe de l’Oregon plutôt qu’avec elle. Cet échec se révélera d’autant plus cuisant que le basketball, alors en plein essor, était indiscutablement LE marché à côté duquel il ne fallait absolument pas passer.
Puis, en 1986, la firme allemande signera un important contrat de sponsoring non pas avec un grand nom du sport, mais avec les rappeurs du groupe américain Run D.M.C. Si vous avez pris le temps de lire l’histoire d’adidas, vous savez déjà que ces derniers avaient porté leur dévolu sur les Superstar, au point de les ériger en symbole de la culture hip-hop au cours d’un de leurs concerts au Madison Square Garden où ils avaient convié un représentant de la marque. A la suite de ce concert, celle-ci déboursera un million de dollars pour pouvoir exploiter officiellement l’image du groupe à des fins commerciales. Un pas en avant sur le plan marketing qui la poussera malgré elle à privilégier le streetwear au détriment des équipements sportifs.
Pour couronner le tout, le passage aux années 1990 marquera un tournant à la fois politique et culturel qui impactera directement la consommation. A l’échelle des baskets, comme dans d’autres secteurs, cela se traduira par une demande de produits moins exubérants et glamours. Ce constat n’échappera pas à adidas qui pris rapidement conscience que l’heure du changement avait sonné pour elle aussi.
Se concentrer sur l’essentiel
Pour relancer la machine, vers qui d’autre que Peter Moore adidas pouvait-elle se tourner ?
Le père fondateur de la Air Jordan 1 va en effet répondre favorablement à l’appel de l’équipementier allemand et de son directeur marketing Robert Strasser pour l’aider à opérer ce retour aux sources qui s’imposait. La délicate mission qui lui fut confiée consista à créer une nouvelle chaussure pensée pour la pratique et au design dénué de tout superflu. Alors que la plupart des designers avaient tendance à sélectionner les éléments à conserver d’un modèle à l’autre, Peter Moore va lister de son côté tous ceux qui n’avaient aucun intérêt pour les athlètes. Ainsi naîtra l’EQT en 1991, une basket multisports qui n’intégrait que « tout ce qui est essentiel ».
Pièce maîtresse d’une gamme complète d’équipements baptisée tout simplement « Equipment », de laquelle elle tire son nom, l’EQT de 1991 arborait une forme dans la lignée de celle des chaussures de course de l’époque.
Fabriquée avec des matières premium dont un cuir gris suédé, elle reflétait un aspect qualitatif qui se confirmait immédiatement une fois enfilée. La basket signée Peter Moore offrait effectivement un excellent confort. Cet atout qui séduit très vite les coureurs reposait sur l’ajout de 3 bandes flexibles, disposées de part et d’autre de la chaussure pour assurer un parfait maintien du pied, ainsi que sur le système TORSION, tout juste développé par adidas pour concurrencer Nike et son coussin d’air. En ce qui concerne son coloris, on retrouvait donc du gris, mais aussi et surtout du noir et du vert, les deux couleurs qui composaient le logo de la gamme également dessiné par le designer britannique.
L’EQT ne mettra que quelques mois pour entamer son ascension hors des terrains de sport. Comme le mur de Berlin deux ans plus tôt, la barrière qui la séparait jusqu’ici de la rue tombera rapidement, bien aidée par un contexte favorable au changement dont elle deviendra dès lors un symbole. Elle restera toutefois une référence dans le monde du sport au point de pousser adidas à sortir d’autres versions dès 1993, parmi lesquelles figurent l’EQT Guidance et l’EQT Support, sans doute les plus réussies.
C’est logiquement sur ces deux versions qu’adidas va se pencher à partir de 2004 pour redynamiser sa gamme « Equipment ». A l’initiative de Torben Schumacher, alors vice-présent de l’offre produits, le lifting de l’EQT sera opéré par Nic Galway, autre designer emblématique de l’équipementier à qui l’on doit quelques sneakers phares telles que la Yeezy BOOST, en collaboration avec le rappeur Kanye West, ou encore la Tubular et la NMD ; en outre, des baskets dont l’apparence présente d’importantes similitudes avec celle de l’EQT.
Si l’objectif fut cette fois de créer une chaussure taillée pour la ville et non plus pour le sport, la philosophie d’adidas restera quant à elle inchangée. La simplicité et la sobriété caractéristiques de la paire originale furent de ce fait conservées sur les déclinaisons les plus récentes qui se succédèrent plus intensément après 2012. En 2015, une première collaboration d’envergure avec le rappeur PUSHA T verra le jour. Baptisée EQT Guidance 93 « Black Market » en raison de sa sortie pour le Black Friday, celle-ci ouvrira la voie à de nombreux autres modèles sur lesquels adidas viendra greffer ses technologies BOOST et/ou Primeknit afin de lui apporter une touche de modernité supplémentaire.
La dernière mouture de l’indémodable sneaker, l’EQT Support 93/17 Black Turbo Red, est indiscutablement la version la plus aboutie. Mise en scène dans un sport publicitaire intitulée « Only the essentials » que vous pouvez découvrir ci-dessous, elle incarne parfaitement les valeurs prônées par adidas. Les adeptes des sneakers adidas vont même jusqu’à dire qu’elle pourrait faire de l’ombre à la NMD.
Fan inconditionnel des premières Air Max et des Jordan rétro, j’ai créé Sneaker Style en 2016 pour vivre pleinement avec vous ma passion pour les sneakers et son univers.