L’histoire de la Superstar d’adidas
L’histoire que nous avons souhaitée vous raconter se déroule à une époque où la NBA n’en était qu’à ses prémices et durant laquelle ses joueurs avaient l’habitude d’évoluer avec des chaussures en toile. Autant dire que c’était il y a longtemps. A la toute fin des années 60 pour être précis, à l’heure où la plupart des équipementiers sportifs n’avaient d’yeux que pour le basketball, et plus encore la prestigieuse ligue américaine. La adidas Superstar, désormais estampillée du célèbre trèfle d’adidas Originals, a en effet été créée pour les basketteurs, avec pour objectif de leur offrir une meilleure protection tout en préservant leur liberté de mouvement. Mais ça, ils ne le savaient pas encore. On peut donc affirmer que la marque allemande a été précurseur d’une tendance que ses concurrents n’ont pas tardé à imiter. Vous allez également vous rendre compte à travers l’histoire de la Superstar qu’il s’en est fallu de peu pour qu’elle ne s’émancipe jamais, ni sur les parquets de la NBA, ni dans la rue.
Des parquets de la NBA à la rue : comment la chaussure d’adidas est devenue une Superstar ?
Avant toute chose, il convient de préciser le contexte dans lequel a été créée la adidas Superstar.
La révolution par le cuir
En 1968, l’entreprise d’outre-Rhin dominait des pieds et des mains le football, notamment grâce à ses crampons qui étaient de loin les plus portées à ce moment-là. Soucieuse d’étendre son empire à d’autres disciplines, elle s’est tournée quatre ans auparavant vers le tennis qu’elle a investie avec l’aide du tennisman français Robert Haillet, le père de celle que vous connaissez toutes et tous à présent sous le nom Stan Smith. Mais elle n’était pas rassasiée pour autant. C’est pourquoi elle a vite tourné son regard vers le basketball, et plus particulièrement la NBA, qui commençait à faire parler d’elle, à la fois aux Etats-Unis et à un degré moindre en Europe. Pas autant qu’aujourd’hui, certes, mais toutefois suffisamment pour pousser les équipementiers majeurs tels qu’adidas à investir le marché avec la ferme intention de bouleverser la hiérarchie des forces en présence.
Pour cela, les designers d’adidas ont décidé de miser sur leur principal atout : la conception et la fabrication de chaussures en cuir. Tout comme la Stan Smith et une certaine Gazelle, officialisée la même année, la adidas Superstar a effectivement été dotée d’une tige minimaliste en cuir souple, inspirée en revanche de la Supergrip et de sa déclinaison montante, la Pro Model, que les équipes créatives chargées du projet ont agrémenté d’une épaisse semelle vulcanisée en caoutchouc et surtout d’un renfort de la même matière sur le dessus des orteils, le ‘’Shell Toe’’. Celui-ci avait pour vocation de protéger l’avant du pied, une zone davantage exposée aux risques d’usure à cause des changements incessants de direction. Pour ce qui est des coloris, il faut savoir qu’aux débuts de la NBA, la sobriété était de rigueur. Les premières déclinaisons de la Superstar affichaient de ce fait une base blanche tout ce qu’il y a de plus simpliste. Les seules touches colorées étaient appliquées sur le patch du talon et les bandes latérales.
Sur le papier, la adidas Superstar avait tout pour plaire. Malgré cela, elle s’est immédiatement heurtée à la réticence des basketteurs qui n’étaient pas disposés à abandonner aussi facilement leurs Converse All Star et les autres paires en toile populaires de l’époque. Pour convaincre les différentes franchises de la NBA d’adopter sa silhouette en cuir, le géant allemand s’en est remis au talent de commercial ainsi qu’à la dextérité de Chris Severn, l’un de ses consultants, qui à l’aube de la saison 1968-1969 a réussi à la placer aux pieds des San Diego Rockets après avoir tout de même rudement travaillé au corp leur coach Jack McMahon. D’autres équipes ont imité les Rockets à partir de la saison suivante, à commencer par les Boston Celtics. C’est d’ailleurs en hommage au titre remporté en 1969-70 par les joueurs de Bill Russell qu’adidas a renommé ainsi sa chaussure. Elle est alors devenue une référence incarnée par des stars du championnat américain, à l’image de Kareem Abdul Jabbar, et a permis à adidas d’équiper 85% des joueurs de la NBA au début des années 70.
Sur un air de hip-hop
Puis Nike a vu le jour, en 1971. Avec sa Blazer, en 1973, et plus encore avec la Air Force 1 de Bruce Kilgore, en 1982, la firme de l’Oregon a repris les rênes de la conquête du basketball et éclipsé définitivement la Superstar de son terrain de prédilection. Sans pour autant disparaître du catalogue de la marque aux 3 bandes, la digne héritière de la Supergrip a vivoté ici et là jusqu’au milieu de la décennie suivante et l’essor du phénomène sneakers. Un phénomène dont elle est à l’origine, avec la complicité des Run-D.M.C., un groupe de rap formé en 1983 à Hollis, dans le Queens, avec lequel Jam Jaster Jay et ses acolytes ont côtoyé les sommets du hip-hop pendant près de 20 ans. Ces derniers avaient pour coutume de porter la chaussure de basketball d’adidas, non seulement sur scène, mais aussi à la ville, qui plus est avec la languette relevée, pour cultiver leur identité et revendiquer une forme de protestation exprimée de manière plus explicite dans leurs morceaux.
Cela n’a pas échappé à adidas, et encore moins à Angelo Anastasio, un cadre de la firme aux Etats-Unis, qui était convaincu que le look streetwear des Run-D.M.C. était en partie responsable des excellents chiffres réalisés à cette période par la marque. Autant dire qu’Anastasio n’a pas réfléchi longtemps avant d’accepter l’invitation du groupe à son concert de 1986 au Madison Square Garden. C’est là, devant environ 40 000 personnes, que Jam Jaster Jay, Joseph Simmons et Darryl McDaniels ont entonné un morceau baptisé ‘’My adidas’’ en incitant la foule à élever leurs baskets estampillées des 3 bandes vers le ciel. Cet événement est encore considéré à juste titre comme l’élément déclencheur du partenariat officialisé au lendemain de ce concert entre adidas et les Run-D.M.C.. Quant à son point d’orgue, il a assurément eu lieu en 1987 lors de la tournée ‘’Together Forever’’ au cours de laquelle les rois du hip-hop ont posé, sneakers adidas aux pieds, devant la Tour Eiffel à Paris.
En 2011, pour célébrer les 25 ans de son partenariat historique avec les Run-D.M.C., adidas a décliné sa sneaker culte dans une version Superstar 80’s baptisée ‘’My adidas’’. Celle-ci dévoile une finition en cuir blanc et noir fidèle à l’originale avec des détails visuels à l’effigie du groupe et de son fondateur qui a été tué en 2002 dans des circonstances qui n’ont jamais été élucidées. Evidemment collector, la paire se monnaie à présent à prix d’or sur les principaux sites de resell. Elle témoigne surtout du rôle prépondérant qu’ont joué les rappeurs du Queens pour contribuer au succès d’adidas dans la rue.
Fan inconditionnel des premières Air Max et des Jordan rétro, j’ai créé Sneaker Style en 2016 pour vivre pleinement avec vous ma passion pour les sneakers et son univers.