L’histoire de KangaROOS
Si vous êtes un lecteur ou une lectrice assidue de Sneaker Style, ce que nous espérons évidemment sincèrement, vous savez mieux que quiconque que nous sommes passionnés autant par les sneakers que par l’histoire. Par conséquent, dès que nous avons l’occasion de concilier les deux, nous ne nous en privons pas ! C’est pourquoi nous vous proposons aujourd’hui un nouveau volet de l’histoire des sneakers à travers un focus sur une marque qui tend à parfaire son retour au premier plan depuis maintenant plusieurs années. Cette marque, que vous connaissez peut-être, c’est KangaROOS. Née dans les années 80 à l’heure où le ‘’phénomène sneakers’’ a explosé, en partie grâce à l’émergence de sports qui ont eu une influence majeure sur la street-culture, KangaROOS a d’abord conquis les pieds des coureurs et des basketteurs américains avant de s’exporter dans la rue où elle cherche donc à revenir définitivement.
SOMMAIRE
Comment KangaROOS a conquis la planète sneakers ?
A première vue, ce parcours ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de Nike. D’autant que comme la firme de Beaverton, KangaROOS doit en grande partie son salut dans le running à une innovation de la NASA.
L’entreprise fondée par l’architecte Bob Gamm en 1979 n’a en revanche pas misé sur l’air, que Nike a commencé pour rappel à exploiter dans sa mythique Tailwind un an auparavant. Pour la concurrencer, l’outsider KangaROOS a constitué de son côté une équipe composée d’ingénieurs et de designers qu’il a installé dans un centre flambant neuf de 10 000 mètres carré juxtaposés à l’université de l’Illinois, et ce afin de développer un système d’amorti inspiré des bottes que portaient autrefois les cosmonautes de la mission lunaire Apollo. Après deux ans de recherche et de développement, ceux-ci ont achevé en 1986 les premiers modèles dotés d’une semelle tridimensionnelle Dynacoil, dont l’efficacité a rapidement séduit les runners professionnels et amateurs.
Ce succès d’envergure, qui en a d’ailleurs appelé tant d’autres, n’aurait toutefois pas été possible sans la dextérité et l’œil visionnaire de Bob Gamm.
L’âge d’or de KangaROOS dans le running
Fervent pratiquant de la course à pied, Gamm a en effet eu l’idée de créer KangaROOS car il recherchait des chaussures munies d’une encoche pour pouvoir y ranger ses clefs pendant ses différentes sessions. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, aucune des paires références de l’époque n’offrait cette option. Il a alors dessiné les contours d’un modèle sur lequel il a greffé une poche telle que celle que l’on retrouve sur le ventre des kangourous, et monté le business nécessaire à sa fabrication et à sa commercialisation. Aussi confortables que pratiques, les ‘’pocket shoes’’ de KangaROOS se sont vite révélées incontournables, pour ne pas dire iconiques, à commencer par la plus illustre d’entre elles : la Combat. A tel point que dès la fin de l’année 1980, bien aidée par la récente victoire de Bill Rodgers lors du marathon de Boston, KangaROOS vendait déjà 700 000 paires de baskets par mois aux Etats-Unis.
Après avoir imposé son empreinte sur la course à pied, Bob Gamm s’est tourné vers le basketball, et plus particulièrement la NBA, tout en portant son regard sur l’Europe.
Du basketball au streetwear à saut de kangourou
Sous l’impulsion de Bernd Hummel, un jeune vendeur de chaussures allemand, ces fameuses ‘’pocket shoes’’ et les autres best-sellers de la marque américaine se retrouvèrent ainsi sur le Vieux Continent à partir de 1981. De l’autre côté de l’Atlantique, un tout autre combat se jouait en parallèle, pour la conquête cette fois des terrains de basketball. A ce moment-là, beaucoup de joueurs, dont certaines têtes d’affiche, militaient pour bénéficier d’une meilleure protection de leur cheville, ce à quoi répondit KangaROOS en 1983 en abandonnant sa Full Court au profit de la Skywalker, une silhouette montante incarnée notamment par Clyde ‘’The Glyde’’ Drexler, l’ancienne gloire des Trailblazers de Portland.
En érigeant de la sorte son marsupial sur les prestigieux parquets de la NBA, KangaROOS a franchi un cap à la fois sportif et stylistique. Sportif parce que la Skywalker, qui cela dit en passant n’a rien à voir avec Luke ni son père Anakin, a grandement contribué à l’émancipation de l’équipementier dans une discipline autre que la course à pied. Et stylistique de par le lien étroit qui s’est tissé dans les années 80 entre le basketball et le streetwear. Rappelons que l’essor de la NBA a effectivement joué un rôle crucial dans le processus de migration des baskets hors de leurs frontières sportives, les fans de ballon rond ayant cherché à se procurer les mêmes chaussures que leurs idoles afin de les imiter le plus fidèlement possible sur ces terrains urbains que nos voisins américains appellent des playgrounds. Pour en savoir plus sur ce sujet, n’hésitez pas à découvrir ou à redécouvrir l’histoire de la Nike Air Force 1, ou encore celle de la Air Jordan 1.
Sur sa lancée, KangaROOS a pris ses quartiers en 1986 dans de nouvelles infrastructures à la hauteur de ses ambitions, conformément à ce que nous expliquions précédemment, et a profité de son excellente notoriété pour étendre sa conquête à d’autres sports US majeurs tels que le baseball et le football américain, où la société de Bob Gamm a connu son heure de gloire avec l’appui de Walter Payton, monument des Bears de Chicago.
Mais, parce qu’il y a toujours un mais, ce qui devait arriver arriva, et ce dernier fini par quitter le navire en le laissant malgré lui entre les mains d’une cellule dirigeante davantage préoccupée par l’extension de son empire plutôt que par la consolidation de ses fondations. En 1992, après un ultime coup d’éclat toujours aux pieds de Clyde Draxler pendant les Jeux Olympiques de Barcelone, KangaROOS a ainsi amorcé un lent déclin soldé par plus de 20 ans de disette.
Le renouveau de KangaROOS sur le sneakers game
La marque au kangourou ne refait parler d’elle que depuis 2009, soit 27 ans après les JO de Barcelone. C’est le temps qu’il a fallu à Bernd Hummel pour prendre seul les commandes de KangaROOS, avec pour principal objectif de redorer progressivement ses lettres de noblesse dans l’univers du streetwear. Pour cela, Hummel et ses acolytes ont misé sur une stratégie qui n’a certes rien d’original mais dont l’efficacité chez les leaders du lifestyle n’est plus à prouver. Celle-ci repose entre autres sur la réédition de ses grands classiques, avec en priorité ses icônes du running dont la structure en cuir suédé et en mesh revisitée occasionnellement dans le cadre de superbes collaborations fait de plus en plus parler d’elle auprès des fans de sneakers retro-running.
Fan inconditionnel des premières Air Max et des Jordan rétro, j’ai créé Sneaker Style en 2016 pour vivre pleinement avec vous ma passion pour les sneakers et son univers.