Nous avons longtemps cherché la meilleure façon d’introduire comme il se doit ce nouveau focus historique, avec la volonté d’être à la hauteur du monument dont nous aimons tant vous parler sur Sneaker Style. Puis nous nous sommes dit que nous allions plutôt faire simple et efficace, à l’instar de la Air Max 1, la toute première silhouette de Nike dotée d’un coussin d’air apparent. C’est en effet avec cette fameuse AM1 que la marque au Swoosh a inauguré sa gamme aujourd’hui célèbre de baskets à bulle. C’est aussi et surtout elle qui lui a permis de révolutionner le marché des chaussures de course, à l’aube des années 90, en érigeant son innovation à la fois technique et visuelle comme un standard de performance et de style. Un double exploit signé d’une main de maître par l’un de ses designers les plus talentueux : Tinker Hatfield.
SOMMAIRE
Une bouffée d’air pour reconquérir le running
Si vous avez lu avec attention l’histoire de Nike, ce dont nous sommes absolument convaincus, vous savez que le running est l’une de ses disciplines de prédilection. Avant même de prendre leur indépendance en 1971, ses fondateurs Phil Knight et Bill Bowerman commercialisaient déjà les modèles d’Onitsuka-Tiger, une marque japonaise désormais connue mondialement sous le nom ASICS.
Après avoir mis fin à leur relation commerciale avec Onitsuka, les deux anciens pensionnaires de l’université de l’Oregon ont donc poursuivi leur conquête du running sous l’entité Nike. Si celle-ci s’est révélée très fructueuse au cours de la décennie 1970-1980, avec notamment des succès aussi magistraux que la Cortez, la Waffle et la Tailwind, le début des années 80 a quant à lui été plus controversé. Et pour cause, c’est à cette période que la firme de Beaverton a commencé à lorgner sérieusement sur le basketball et la NBA, en plein essor à ce moment-là. La cultissime Air Force 1 a ainsi vu le jour en 1982 et le problème, c’est que sa conception a nécessité des efforts importants, tant en recherche et développement qu’en marketing. Des efforts certes payants sur les parquets, mais qui ont mis en péril son hégémonie sur les pistes.
Des racines parisiennes façonnées par Tinker Hatfield
Au pied du mur, Rob Strasser, vice-président à l’époque de l’équipementier, n’a eu d’autre choix que de frapper un grand coup pour permettre à Nike de reconquérir le running et montrer par la même occasion à ses concurrents qu’elle en restait le leader. Il a tout misé pour cela sur son joyau, la technologie d’amorti Air, et fait appel à Tinker Hatfield, un jeune architecte diplômé (lui aussi) de l’université de l’Oregon, afin de la façonner avec performance autant qu’avec style.
Pour relever le défi complexe proposé par ses dirigeants, à savoir créer une chaussure de course aux caractéristiques techniques et visuelles sans précédent, Hatfield a laissé parler l’architecte qui sommeillait en lui depuis son arrivée à Beaverton. C’est lors d’un voyage à Paris, pendant lequel il a eu l’opportunité de découvrir le Centre Pompidou, qu’il a eu l’idée brillante de rendre la technologie Air apparente en insérant une fenêtre inspirée de celles qui recouvrent la façade de l’édifice parisien pour en dévoiler la structure. Confirmée par Nike qui lui a rendu hommage en 2018 via un pack baptisé en toute simplicité ‘’Centre Pompidou’’, cette source d’inspiration a valu à la Air Max 1 un surnom sans équivoque : ‘’La Parisienne’’.
Officialisée en 1987, cette dernière est l’aboutissement d’un processus créatif long et sinueux qui n’a pas suscité que des réactions positives en interne. Tinker Hatfield a d’ailleurs dû modifier ses croquis originaux à plusieurs reprises, avec l’appui de Peter Moore, le père de la Air Jordan 1, car certains membres haut-placés de la marque trouvaient sa proposition initiale trop moderne, voir carrément futuriste. L’architecte reconverti en designer a également été confronté à des limites d’ordre technologique. Sur les premières versions de la basket apparues dès 1986, le coussin d’air était trop fragile, principalement à cause de sa taille. C’est pour cela qu’elle a été réduite sur la version finale que le grand public a pu se procurer seulement à partir de l’année suivante.
Air Max Zero : la ‘’One’’ avant la ‘’One’’
Avant d’aborder la suite de l’histoire de la Air Max 1, attardons-nous si vous le voulez bien sur ses premiers croquis réalisés par Tinker Hatfield. Conformément à ce que nous expliquions dans le point précédent, ceux-ci ont été mis de côté par le designer parce que leur caractère avant-gardiste ne faisait pas l’unanimité chez Nike. Ça, c’était aux prémices du projet. Mais depuis, la mode a évolué et les mentalités ont changé. Ainsi, en 2015, Graeme McMillan, que l’on pourrait considérer comme l’un des successeurs d’Hatfield, s’en s’est inspiré pour concevoir la Air Max Zero, cette basket du future qui aurait du normalement voir le jour dans les 80s.
Ce croquis de la Air Max Zero est logiquement très proche de ceux de la Air Max 1 (voir ci-dessus). Il dévoile les contours d’une basket qui n’est pas sans rappeler la Tailwind de 1978, ce qui n’a rien de surprenant étant donné que la Tailwind est la première paire estampillée du Swoosh à avoir été équipée du système d’amorti Air que Frank Rudy a offert à Nike quelques années plus tôt.
Des pistes de course à la rue, la Air Max 1 a imposé son style
Rapidement adulée par les coureurs, la Air Max 1 a fait tout aussi vite parler d’elle dans la rue où son colorway ‘’White/University Red – Neutral Grey Black’’ n’est pas passer inaperçu. Imaginé par l’incontournable Tinker Hatfield pour attirer l’œil, principalement sur la fenêtre insérée dans sa semelle intermédiaire, ce coloris évidemment OG a été réédité par Nike un nombre incalculable de fois, par souci de confort et/ou de style. La dernière date de 2017. Il s’agit de la Air Max 1 ‘’Anniversary’’, une itération venue célébrer comme son nom l’indique le 30e anniversaire de la silhouette. La AM1 doit par ailleurs beaucoup à atmos. Le label de streetwear japonais a joué un rôle prépondérant dans sa démocratisation hors des Etats-Unis à travers des collaborations qui se poursuivent actuellement et qui s’arrachent bien souvent à prix d’or sur les plateformes de resell spécialisées telles que StockX. Vous pourrez en apprendre davantage en découvrant notre success-story de ce véritable temple du streetwear qu’ont bâti Hidefumi Hommyo et son fidèle bras-droit Hirofuji Kojima.
Fan inconditionnel des premières Air Max et des Jordan rétro, j’ai créé Sneaker Style en 2016 pour vivre pleinement avec vous ma passion pour les sneakers et son univers.