La plupart des sneakers iconiques ont connu une première vie sur les terrains de basketball ou sur les pistes de course avant de renaitre dans la rue où elles rayonnent aujourd’hui davantage grâce à leur design qu’à leur histoire. Il convient de le rappeler, notamment pour les plus jeunes d’entre nous à qui leur popularité extra-sportive pourrait donner l’impression qu’elles ont été créées à des fins exclusivement stylistiques.
Les modèles emblématiques de PUMA n’échappent pas à la règle. A l’image d’une PUMA Suede que l’on pourrait légitimement qualifier d’éternelle, les baskets les plus populaires de la marque au félin ont su progressivement s’émanciper de leurs racines sportives pour s’imposer aux pieds de tous, et ce depuis si longtemps qu’on en oublierait parfois que PUMA reste avant tout un équipementier sportif.SOMMAIRE
Faites des chaussures de sport, pas la guerre !
On ne peut évoquer la création de PUMA sans revenir sur celle d’adidas car la lutte acharnée que se livrent les deux géants allemands, sur les marchés du sport et du streetwear, ne date pas d’hier mais de leur naissance respective en 1948 et en 1949. C’est en effet au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, suite à un différend familial important, que Rudolf Dassler a décidé de mettre un terme à la collaboration qu’il entretenait avec son frère cadet depuis 1924. Après avoir équipé de nombreux athlètes lors des Jeux Olympiques de 1928, puis les soldats de la Wehrmacht entre 1939 et 1945, la Gebrüder Dassler Schuhfabrik s’est ainsi disloquée en deux entités distinctes : PUMA, officiellement fondée par Rudolf Dassler le 1er octobre 1948, et adidas, créée de son côté par Adolf le 18 août 1949.
Pour la petite histoire, sachez que PUMA et adidas sont toujours implantées dans leur ville natale de Herzogenaurach à quelques centaines de mètres l’une de l’autre.
Le football en ligne de mire
PUMA s’est érigé dès les années 50 comme l’un des principaux fabricants de chaussures de sport, et plus précisément de football, discipline déjà incontournable à l’époque.
Il faut dire que Rudolf Dassler a tout de suite compté une longueur d’avance sur son frère Adolf puisqu’il a achevé la conception de la PUMA ATOM en 1948, quatre ans avant que les premières chaussures à crampons d’adidas ne voient le jour, et alors qu’il n’avait pas encore déposé sa marque auprès du registre du commerce allemand. Dans un laps de temps aussi court, l’ainé des frères Dassler a même trouvé les ressources nécessaires pour sortir la SUPER ATOM, introduite quant à elle en 1952, et la PUMA BRASIL, avec laquelle les joueurs de Hanovre 96 ont remporté le championnat allemand en mai 1954.
1954, une année assurément décisive pour l’équipementier qui s’est également illustré dans la course à pied, cette fois au mois d’octobre à Yokohama, grâce au nouveau record établi sur 100 mètres par Heinz Fütterer.
D’où viennent le nom et le logo de PUMA ?
C’est après ces premiers triomphes, en 1957 pour être précis, que Rudolf Dassler s’est attaché à définir l’identité visuelle de sa marque en la dotant d’un logo fort de sens. Il a misé pour cela sur un félin bondissant dans la lettre ‘’D’’ précédant le nom ‘’PUMA’’ ; un nom choisi pour rappel parce qu’il était prononçable facilement par tout le monde, à l’inverse de ‘’Ruda’’, la désignation pour laquelle il avait opté initialement.
Un an plus tard, ses équipes créatives soulignèrent l’importance du ‘’formstrip’’, la célèbre vague apposée sur la plupart des baskets PUMA, dans le cadre d’une campagne publicitaire réalisée pour célébrer la victoire du Brésil face à la Suède en finale du Mondial de football. Un exploit que PUMA et l’équipe brésilienne, emmenée par un certain Pelé, ont répété lors de l’édition suivante, en 1962, ce qui n’a fait que renforcer la légitimité du félin et du ‘’formstrip’’ dans l’univers du football, et plus globalement dans celui du sport. Pour être complet, on précisera que ce fameux ‘’formstrip’’ a une vocation visuelle, certes, mais aussi technique, dans la mesure où il a été pensé pour optimiser le maintien du pied des athlètes.
Couronné sur les pistes (ou presque)
Si PUMA a mis un point d’honneur à poursuivre sa conquête du football, c’est surtout dans l’athlétisme que la firme a brillé au cours des années suivantes. Mais sans doute pas comme elle s’y attendait.
Alors qu’elle espérait revivre en 1968 à Mexico un scénario aussi favorable que celui de Tokyo 4 ans plus tôt (3 titres mondiaux remportés par des coureurs équipés de ses chaussures, ndlr), la marque a finalement occupé toute l’attention des spectateurs et des journalistes au cours de la cérémonie de remise des médailles du 200 mètres. Pour protester contre l’oppression des citoyens d’origine afro-américaine aux Etats-Unis, Tommie C. Smith et John Carlos, le vainqueur et le 3e de l’épreuve, posèrent chacun une chaussure issue d’une paire de PUMA Suede noire à leurs pieds et levèrent leur point gauche ganté durant l’hymne américain. La Suede est ainsi entrée définitivement dans l’histoire des sneakers l’année de sa création, en 1968. Elle ne s’est toutefois transposée des pistes d’athlétisme vers la rue que dans les années 80. En quête de baskets à la fois confortables et tendances pour pratiquer le breakdance, les B-Boys, tel qu’on appelle leurs adeptes, ont effectivement jeté leur dévolu sur la silhouette en cuir suédé.
Vous pouvez découvrir l’histoire de la PUMA Suede ici.
L’histoire d’amour entre PUMA et le basketball
Au même titre que les prémices de PUMA sont indissociables de ceux d’adidas, le destin de la PUMA Clyde est étroitement lié à celui de la Suede. Pour comprendre pourquoi, il faut retourner en 1968.
La Clyde ne vous dit peut-être rien, et pourtant, elle occupe une place privilégiée dans le cœur et la collection de nombreux sneakers addicts. Il s’agit de la chaussure signature de Walt Frazier, ancienne gloire de la NBA surnommée ‘’Clyde’’ en raison de sa faculté hors-norme à subtiliser la balle à ses adversaires. Jugé excentrique autant à cause de sa manière de jouer que de sa façon de s’habiller, Walt Frazier a demandé à Rudolf Dassler en 1968 de lui concevoir un modèle spécifique. Face à cette opportunité d’investir la très prestigieuse NBA, le patron de PUMA a accepté la requête de la star des New York Knicks sans rechigner. Il s’est contenté dans cette optique de renommer la Suede après lui avoir apporté quelques modifications d’ordre technique pour l’adapter à la pratique du basketball. Coup de génie ou heureux hasard du destin, l’opération finalisée par Rudolf Dassler en 1973 a permis à PUMA de s’immiscer sur les parquets du championnat de basketball américain sans trop d’effort.
Ses successeurs ont dû en fournir davantage pour faire face en 1982 à l’arrivée d’un concurrent de poids, en l’occurrence Nike et sa mythique Air Force 1.
Après la PUMA Sky apposée aux pieds de Nate Archibald (1981), la Sky II à ceux de Alex English (1982), la marque au félin a confectionné la Ralph Sampson pour armer le joueur du même nom d’une paire de baskets à la hauteur de son physique impressionnant. Bien que visuellement réussie et techniquement performante, la PUMA Ralph Sampson est surtout devenue célèbre grâce aux 2,25m de l’ancien pivot des Houston Rockets et de sa pointure surdimensionnée. Jugez-en plutôt par vous-même ci-dessous :
L’histoire d’amour entre PUMA et le basketball perdure depuis, même si Nike a repris le leadership. Qu’à cela ne tienne, la firme de Herzogenaurach entend bien restée dans le game et elle se donne les moyens d’y parvenir. Elle a commencé par signer en 2018 un partenariat à vie avec Walt Frazier et s’est octroyé dans la foulée les services de Jay-Z pour superviser ses campagnes marketing, garder un œil sur ses produits et donner son avis sur les nouveaux joueurs à enrôler.
Quelles sont les technologies phares de PUMA ?
Si PUMA jouit d’une notoriété et d’une légitimité sans faille, auprès des sportifs comme des amateurs de mode streetwear, c’est également grâce à ses technologies phares.PUMA Trinomic, la plus populaire
A l’instar des équipementiers majeurs tels que Nike, PUMA a également pris part à la révolution technologique du running amorcée par ce dernier à l’aube des années 90. Pour rivaliser avec l’air américaine, les ingénieurs allemands ont développé un nouveau concept de semelle basée sur l’utilisation d’une mousse garantissant une meilleure absorption des chocs qu’ils ont appelé ‘’Trinomic’’. Celle-ci a été insérée pour la première fois dans une chaussure de course en 1989 et bénéficie encore actuellement d’optimisations visant à assurer sa pérennité. De toutes les silhouettes qui en ont été équipées et qui continuent ainsi de l’être, la plus iconique est sûrement la PUMA Blaze of Glory. En plus de la technologie Trinomic, la Blaze of Glory était dotée d’empiècements latéraux intégrés à ses lacets pour conférer un meilleur maintien du pied aux coureurs et revêtir par la même occasion un style novateur.
PUMA Running System, la plus futuriste
Auparavant, PUMA avait déjà fait état de ses capacités à innover en concevant une autre technologie d’amorti à l’efficacité redoutable. Baptisée en toute simplicité RS, pour Running System, celle-ci a été initiée en 1986 avec la RS-100, une basket rééditée en 2018 pour le plus grand plaisir des nostalgiques de sa tige en cuir, de son col rembourré et de son fameux amorti PUMA R-SYSTEM. Visionnaire, l’entreprise bavaroise a rapidement fait évoluer sa RS-100 en la dotant d’une puce électronique pour permettre aux coureurs d’effectuer un suivi informatique de leurs performances. La RS Computer Shoe est ainsi née. On peut de ce fait considérer la RS comme l’ancêtre de la Fit Intelligence, la basket connectée de PUMA que nous vous avons présentée au mois de janvier sur Sneaker Style.
PUMA Disc, la plus aboutie
On ne pourra jamais reprocher à PUMA d’être restée campée sur ses acquis, en tout cas pas dans la période charnière du running qui s’est globalement étendue de 1980 à 2000. Sa cellule dédiée à la recherche et au développement a au contraire redoublé d’efforts pour repousser les limites de ses propres innovations afin de rester dans la course. C’est dans ce cadre qu’elle a conçu en 1991 la technologie PUMA Disc, un astucieux système conférant aux coureurs la possibilité d’ajuster leur maintien à l’aide d’une molette fixée sur la languette. Les baskets de la gamme PUMA Disc, à commencer par la Disc Blaze de 1993, étaient de ce fait dénuées de lacets. Malgré son rôle prépondérant dans la démocratisation de la technologie Trinomic, le système Disc a une durée de vie éphémère à cause de fragilité et de son coût onéreux.
Le mot de la fin
Nous ne vous avons présenté dans cet article qu’une infime partie de l’histoire de PUMA, qui plus est focalisée sur ses baskets devenues des références sur le sneakers game. Pour autant, cette partie est déjà très riche d’informations qui vont très probablement s’étoffer au fil du temps pour la simple et bonne raison que les divisions R&D et marketing de la firme mettent tout en oeuvre quotidiennement pour passer à la vitesse supérieure. Entouré d’artistes influents tels que Jay-Z ou encore Rihanna, auteure de plusieurs collaborations à succès issues entre autres de sa gamme Fenty, l’éternel rival d’adidas semble prédisposé à atteindre son objectif à plus ou moins long terme.
Fan inconditionnel des premières Air Max et des Jordan rétro, j’ai créé Sneaker Style en 2016 pour vivre pleinement avec vous ma passion pour les sneakers et son univers.